Je suis animateur.
Je ne suis pas chargé de mission, ni consultant, ni médiateur, ni agent de développement, ni clown, ni amateur, je suis animateur. Je le revendique et je crois que c’est important.
Je mets des mots dessus pour défendre le fait que c’est un métier, un ensemble de compétences, savoirs faire et postures, qui s’acquièrent, se nomment et se développent. On peut donc se revendiquer d’être animateurice, d’en faire un élément d’identité au même titre que bien d’autres métiers. Au même titre, pas moins. Pas comme si c’était un petit truc d’amateur que n’importe qui peut faire spontanément.
Il me semble intéressant de différencier dès le départ, et de manière claire le métier d’animateurice et la fonction occupée. Le métier d’animateurice est un ensemble de compétences, de postures et de finalités politiques. Ces éléments constituent un coeur de métier, mais ils ne définissent pas le cadre dans lequel on exerce, ils ne disent rien des fonctions diverses qu’on peut assumer en tant qu’animateurice.
On peut être animateurice d’activités pour enfants, pour reprendre l’image la plus souvent attachée à ce mot, mais on peut aussi être animateurice dans une fonction de coordination, ou de direction de structure. On peut être animateurice d’un réseau régional, national. On peut être animateurice de temps formatifs ou en dirigeant un centre de formation. On peut être animateurice d’un Conseil d’Administration, ou d’une Assemblée Générale. On peut être animateurice de n’importe quelle dynamique collective.
Le métier d’animateurice peut se vivre dans différentes fonctions, et il est important de dissocier les deux aussi pour rappeler qu’on peut évoluer dans ses fonctions tout en restant animateurice, qu’on peut y grandir, et que des fonctions plus complexes demanderont simplement une maîtrise plus fine mais aussi plus affirmée du métier d’animateurice.
Un-e animateurice peut-être animateurice socio-éducatif, coordinateurice d’un service jeunesse en MJC ou du service animation dans un EHPAD, directeurice d’un centre social, délégué d’une Union Régionale, cadre dans une mairie, formateurice, permanent-e d’une association militante, etc…
Le métier d’animateurice est trop souvent dévalorisé, et au premier chef par ceux qui l’incarnent. Ne sachant revendiquer ce nom et ce métier, ils et elles font le jeu de ceux et celles qui n’y voient rien de bien important, et ils et elles se mettent dans des situations de souffrance et de mésestime d’eux-même et d’elles-mêmes parfois graves et toujours défavorables aux finalités sociales et politiques de ce métier.
J’ai pu constater dans ma pratique d’animateurice de formation à quel point certains animateurices refusent de se nommer ainsi. Parce qu’ils n’osent pas l’assumer face aux regards extérieurs. Parce qu’ils n’osent pas se le dire à eux-même aussi parfois. Et le fait de leur dire que je suis formateur, qu’ils sont formateurices, et que c’est un vrai métier a un impact que je n’aurais pas immédiatement soupçonné. On m’a même demandé de le répéter. Parce que ça fait du bien de l’affirmer clairement.
Je l’affirme donc une fois de plus : je suis animateur, et c’est un vrai métier.